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L’indice du Conseil de la langue française
L’«indice de langue d'usage public» (ILUP) lancé par le Conseil de la langue française en 1999 est l’œuvre du sociologue Paul Béland :
- Le français, langue d’usage public au Québec en 1997. Rapport de recherche, Québec, Conseil de la langue française, 1999, 123 p.
Cette publication a fait l’objet d’un « rapport synthèse » diffusé le même jour. Signé par cinq sous-ministres dont la présidente du Conseil de la langue française, Nadia Brédimas-Assimopoulos, il reprend presque mot à mot de larges extraits de l’ouvrage de Béland :
- Le français, langue d’usage public au Québec en 1997. Rapport synthèse, Québec, Conseil de la langue française, 1999, pagination variée.
Les principales critiques
L’ILUP a fait l’objet de critiques venues de spécialistes de diverses disciplines (mathématique, sociologie, linguistique, histoire, philosophie, démographie). Voici les principales :
- Charles Castonguay, «L’indice synthétique de langue d'usage public (SLUP)», Le Devoir, 24 septembre 1999 et 25-26 septembre 1999.
- Charles Castonguay, «Langue d'usage public: Imbuvable ce SLUP !, Le Devoir, 16 octobre 1999.
- Paul Bernard et Jean Renaud, «L’ILUP, une mesure indispensable», Le Devoir, 19 octobre 1999 (bien que soutenant l'ILUP, ces auteurs expriment quelques remarques).
- Jean Marcel [Paquette], «L’indicateur de langue d'usage public», L’Action nationale, XC-1, janv. 2000, 45-52.
- Commission des États généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec [Rapport Larose], Le français, une langue pour tout le monde. Une nouvelle approche stratégique et citoyenne, gouvernement du Québec, 2001, p. 205-206.
- Christian Roy, «L’usage des langues dans la sphère publique au Québec. L’indice du Conseil de la langue française est-il crédible?», Bulletin d’histoire politique, vol. 10, n° 1,automne 2001, p. 151-160. – C. Roy est le seul qui a commenté la synthèse.
- Paul Béland, «Des chiffres et des lettres», Le Devoir, 4 octobre 1999.
- Paul Béland, «Réponse à M. Christian Roy», Bulletin d’histoire politique, vol. 11, n° 1, automne 2002, p. 139-143.
Castonguay et Roy ont commenté la deuxième réplique de Paul Béland :
- Charles Castonguay, «Le français, langue publique, langue commune», Bulletin d’histoire politique, vol. 11, n° 2, hiver 2003, p. 167-170.
- Christian Roy, «Pour un indice de langue d’usage public (ILUP) rigoureux et clair. Réplique à Paul Béland», Bulletin d’histoire politique, vol. 11, n° 2, hiver 2003, p. 171-175.
- Michel Paillé, «Démolinguistique101 : Pertinence et légitimité de la démographie dans le domaine linguistique», L'Action nationale, XCIII-7, septembre 2003, p. 170-204.
Un débat élargi
Le Conseil supérieur de la langue française a publié des ouvrages collectifs où le concept de «langue d’usage public» a été remis de l’avant. Ces ouvrages du Conseil ont été sévèrement critiqués à leur tour.
Alexandre Stefanescu et Pierre Georgeault, Le français au Québec. Les nouveaux défis, Montréal, Fides, 2005, 622 p.
- Michel Paillé et Robert Comeau, «Quand deux analystes se font une belle jambe avec le concept d'inclusion», Le Devoir, 25 juil. 2005.
- Benoît Dubreuil, «Le Conseil supérieur de la langue de bois», L’Action nationale, XCV-7, sept. 2005, p. 27-53.
- Charles Castonguay, «Le beau risque d’un Québec bilingue», Recherches sociographiques, XLVII-2, 2006, p. 366-376.
Pierre Georgeault et Michel Pagé, Le français, langue de la diversité québécoise. Une réflexion pluridisciplinaire, Montréal, Québec Amérique, 2006, 347 p.
- Benoît Dubreuil, «Intégration des immigrants – Pour une approche basée sur les résultats», L’Action nationale, XCVI-8, oct. 2006, p. 44-69.
- Michel Paillé, «La portée de la loi 101 se limiterait-elle au domaine public par peur de l’"assimilation"?», L'Action nationale, XCVI-9, nov. 2006, p. 23-37.
- Jean-Jacques Simard, «Compte-rendu», Recherches sociographiques, XLVII-2, 2006, p. 389-394.
- Le co-éditeur Michel Pagé reconnaît, 7 ans après la parution de l'ILUP, qu'«[u]ne meilleure connaissance de l’usage public est la donnée qui manque [je souligne] pour permettre d’analyser sous un angle dynamique la place qu’occupe le français au Québec et particulièrement dans les zones de mixité linguistique» (p. 57).
Voir aussi :
- Michel Paillé, «Max Weber et la majorité francophone. Le sociologue trouverait curieux que, 30 ans après l'adoption de la loi 101, on se satisfasse d'une francisation se limitant au domaine public», Le Devoir de Philo, Le Devoir, 3 novembre 2007.
- Jacques Maurais, «L’apobouniadose du satané ILUP», Linguistiquement correct, 22 mai 2011.
Volte-face du Conseil
- En 2007, les membres du Conseil supérieur de la langue française ont admis «que la description de la situation linguistique au Québec [...] oblige à disposer du maximum d’information possible pour couvrir tous les angles de vue». Outre «des indicateurs [portant sur] la langue d’usage public», le Conseil reconnaît la pertinence d’analyser des données touchant «la langue maternelle, la langue d’usage à la maison de même que les substitutions linguistiques» (Rapport annuel de gestion 2006-2007, p. 10).
Michel Paillé,
septembre 2008